Publié le 4 mai 2015
Par Raymond Bykoukous
Aujourd’hui, au Cameroun, même si la condition des LGBTI est suivie par plusieurs associations communautaires, les lesbiennes et les transgenres sont les parents pauvres de la communauté homosexuelle.
Leur parcours social est tout aussi dramatique que celui des gays, mais elles n’ont pas d’espace de dialogue et de rencontre qui leur soit spécifiquement dédié.
Dans ce contexte, plusieurs militantes lesbiennes ont eu l’idée de monter une association en décembre 2014, l’AVAF (Association de valorisation de la femme).
L’association, dernièrement légalisée, aura pour but de présenter une série d’activités visant l’éducation, la prise en charge sociale et la valorisation des lesbiennes.
Une association qui œuvre pour les droits humains des personnes LGBTI
L’AVAF est une association de lesbiennes crée en décembre 2014, à Yaoundé. Elle se compose d’une trentaine de membres. Une partie des membres fait partie des deux organes décisionnaires de l’association, le Conseil d’Administration (CA) et le Bureau Exécutif. Les bénéficiaires sont uniquement les lesbiennes mais l’association est aussi ouverte aux transgenres. Son CA compte aussi 3 hommes. Le Bureau Exécutif n’est lui composée que de lesbiennes.
Cette association a vu le jour sur l’impulsion du Président d’Honneur – le fondateur de l’association CAMFAIDS – un militant notable de la communauté homosexuelle du Cameroun qui a remarqué l’absence de visibilité des lesbiennes dans les associations dites LGBTI. Ce manque ne permettait pas aux lesbiennes de se reconnaître dans les activités de ces associations, puisque en fait ces dernières mènent des activités dédiées aux hommes gays.
L’AVAF a pris contact avec des organisations de la ville de Yaoundé qui mènent des activités en direction des gays. Elle est également en lien avec la CAMNAFAW, le récipiendaire du fonds mondial au Cameroun sur les questions du VIH/Sida qui a comme cible, les hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes.
Elle a pour mission de travailler sur les droits humains au Cameroun spécifiquement sur la communauté lesbienne, ce qui permettra de disposer d’indicateurs sur la situation des lesbiennes au Cameroun et de s’intégrer au plaidoyer communautaire LGBTI avec le concours d’autres OBC.
En 2012, par exemple, lors de l’Examen Périodique Universel (EPU) des Droits de l’Homme pour le Cameroun, la situation des violations des droits des lesbiennes n’a pas été clairement énoncée à cause du manque d’éléments, alors que celle des gays a, elle, put être documentée.
Cette initiative est une réponse à ce manque pour les prochains EPU et d’autres rapports sur les questions des droits humains concernant le genre, l’orientation et l’identité sexuelles.
Quel projet pour cette nouvelle association
Aujourd’hui, au Cameroun, même si quelques lesbiennes participent aux activités des associations gays, elles n’ont pas d’espace associatif propre à leur communauté. Au niveau des associations gays, il n’y a pas de programme qui soient spécifiques à leurs préoccupations.
Pour répondre à ce besoin, le projet de l’association est de venir en aide aux lesbiennes pour promouvoir les droits humains des lesbiennes sur divers angles.
Cette initiative se fixe comme objectif de valoriser l’image de cette communauté et de lui redonner confiance en elle et en son avenir.
Sachant que le parcours social des lesbiennes est semé d’embuches dès leur jeune âge et que leurs histoires personnelles sont dramatiques, ce projet est une réponse sociale à leurs situations et au contexte homophobe dans lequel elles vivent au Cameroun (arrestations arbitraires, condamnations, procès, viols, mariage forcés…).
L’année 2015 sera consacrée à promouvoir l’association auprès de la communauté homosexuelle, rassembler les lesbiennes de Yaoundé et tisser des partenariats avec les associations sœurs et les partenaires potentiels locaux. Ce sera également l’occasion de renforcer les capacités des membres du bureau sur la gestion associative et les droits humains.
Une initiative soumise à de grands défis
Des projets similaires ont eu des succès chez les gays de Yaoundé. L’association CAMFAIDS par exemple a pu obtenir des résultats positifs et la confiance de bailleurs techniques et financiers sur ce type d’initiatives en faveur des gays. L’AVAF souhaite poursuivre ce type d’initiative en l’adaptant aux lesbiennes.
Les plus grands défis seraient de se former rapidement les membres de son Bureau Exécutif sur la vie associative, de se faire connaitre et attirer l’attention des potentiels partenaires techniques et financiers, ceci dans le but de pérenniser les activités de l’association. Le défi majeur est d’obtenir un centre, un local en ville ou organiser toutes les activités.
Pour rappel, l’AVAF est une association à but non lucratif, apolitique, non confessionnelle et fondée sur le volontariat, sans aucune discrimination de race, de croyance, d’origine ethnique ou de sexe.
Longue vie à l’AVAF !!
Raymond Bykoukous,
Président de l’association AVAF
La première publication de cet article était par l’Association pour la Valorisation de la Femme sur son site Web.
Articles connexes
- Cameroun: Journée des défenseurs des droits humains, 15 juillet 21 avril 2015
- Cameroun : La vie d’un activiste gay tourne au feuilleton tragique 15 avril 2015
- Quand le coming-out rend sans-abris au Cameroun 9 avril 2015
- Cameroun: Le plaidoyer provoque une menace de mort 10 mars 2015
- Articles au sujet de l’association Lady’s Cooperation (en anglais et en français)