Publié le 29 janvier 2014
Des agents de police au Cameroun ont libéré un maître chanteur anti-gai, malgré les témoignages de nombreuses victimes qu’il les a embusquées, agressées et menacées.
C’est la plainte déposée aujourd’hui dans une déclaration publique par Alternatives-Cameroun, qui lutte contre le sida et pour les droits humains des personnes LGBT dans la région côtière du Cameroun.
Peu de temps après sa libération — sans qu’une dénonciation officielle ne soit retenue contre lui — le maître chanteur accusé, Arold Ndelo, a commencé à faire des menaces de mort contre ceux qui avaient témoigné contre lui, disent les militants. Un homme, par exemple, a reçu le message : «je sais ki tu es. … le genre de couteau ke je vai te montrèè va te faire picer sur toi … ce cme sa ke vous mourez».
Alternatives-Cameroun a déclaré que l’acceptation officielle d’un maître chanteur a montré que Issa Tchiroma Bakary, ministre de la Communication au Cameroun, avait tort quand il a dit lors d’une conférence de presse la semaine dernière que «Il n’existe aucun acharnement judiciaire contre» les homosexuels.
Tchiroma a tenu la conférence de presse pour répondre à «Cameroun: le calvaire des homosexuels,” un reportage diffusé par France 24 qui décrit la répression et l’emprisonnement au Cameroun des personnes LGBT et enquêté sur la mort de Roger Jean- Claude Mbede , qui a été emprisonné pour l’envoi un texte amoureux à un homme et il est mort ce mois-ci, prétendument après avoir été privé de soins médicaux par sa famille homophobe .
Bien que 13 ou plus de Camerounais sont actuellement en prison pour homosexualité et huit autres sont en attente de jugement, Tchiroma a dit que le documentaire était un complot contre le Cameroun.
«Au Cameroun, il y a des homosexuels reconnus qui se promènent librement dans les rues, certains en font d’ailleurs leur gagne-pain, sans en être inquiétés» a-t-il dit.
Voici le communiqué de Alternatives-Cameroun:
Homosexualité au Cameroun:
Quand le laxisme des autorités favorise l’insécurité des défenseurs des droits de l’homme
Sieur NDELO AROLD (Alias NICKY MENAGE) responsable de plusieurs cas d’agressions, guets à pens et chantages sur certaines personnes présumées homosexuelles au Cameroun, a été relâché par les autorités judiciaires malgré une plainte déposé contre lui et les témoignages de nombreux autres victimes qui se sont présentés à la Brigade TER d’Akwa Nord à Bonamoussadi afin qu’enfin justice soit faite.
Rappel des faits
Dans la nuit du 28 Décembre 2013, l’association Alternatives-Cameroun a été saisie par Sieur Désiré N qui subissait une agression de Sieur NDELO AROLD (Alias NICKY MENAGE) en pleine route au lieu dit : Carrefour JC à Bonamoussadi (Douala-Cameroun). L’intervention de l’association a non seulement empêché à Sieur NDELO de commettre son forfait et permis l’arrestation de ce dernier qui a été conduit à la brigade de gendarmerie TER d’Akwa Nord (Bonamoussadi).
Malgré l’évidence des faits d’agression, de chantages et les témoignages des autres victimes qui se sont mobilisés pour mettre fin aux agissements de Sieur NDELO et son gang et malgré la mobilisation de Me Alice Nkom qui s’est constitué avocat de la victime. Les autorités de la Brigade TER d’Akwa Nord ont voulu déférer Sieur Désiré N devant le juge du Tribunal de Première Instance de Ndokoti au même titre que son agresseur suite aux déclarations de ce dernier, qui pour se défendre, a déclaré que Sieur Désiré N est homosexuel. Le Juge ayant renvoyé l’affaire à la brigade TER pour complément d’enquête, Sieur NDELO AROLD a été relâché le 03 Janvier 2014.
Ces derniers depuis sa libération ne cesse de menacer de mort les défenseurs des droits de l’homme ayant contribué à son arrestation.
Voici une réalité qui contredit les déclarations du ministère de la Communication (porte parole du gouvernement) qui lors de sa conférence de presse du Jeudi 23 Janvier 2014 déclarait : « il n’existe aucun acharnement judiciaire contre les homosexuels au Cameroun ».
Une fois de plus, Alternatives-Cameroun dénonce:
- cette injustice des forces de l’ordre qui à chaque fois, font une mauvaise interprétation de la loi chaque fois que les victimes des cas d’agressions essaient de se défendre devant la justice ;
- le laxisme des autorités camerounaises qui alimente un climat d’insécurité auprès de la communauté LGBTI mais aussi des défenseurs des droits de l’homme.
Appelle :
- les autorités camerounaises à prendre des mesures concrètes pour qu’enfin « le non acharnement judiciaire contre les personnes présumées homosexuelles au Cameroun » donc parlait le ministre de la communication lors de son point de presse, soit réellement effectif. Cela passe par l’abrogation de l’article 347 bis du code pénal qui pénalise les rapports sexuels entre personnes de même sexe.
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