Publié le 26 mars 2013
Les deux homosexuels sont gardés à vue depuis la journée du 24 mars 2013 suite à une altercation avec des commerçants au marché d’Essos à Yaoundé.
Le dimanche 24 mars 2013, Jonas Singa Kumie et Franky Djome se rendent au marché d’Essos pour faire les courses du mois. Comme d’habitude, les deux transgenres sont habillés en tenues féminines et portent des perruques sur la tête. A distance, leur accoutrement très sexy laisse visiblement penser à deux jeunes dames qui font normalement leurs emplettes au marché.
Mais dans ce marché populaire de la ville de Yaoundé, les deux jeunes très connus, ne peuvent passer inaperçu. Quelques vendeurs à la sauvette et des commerçants les reconnaissent aisément, puisque Franky avant d’aller à la prison pour homosexualité, le jeune homosexuel avait un salon de coiffure assez fréquenté par des femmes à cet endroit.
« A notre passage, des gens se sont mis à nous injurier. Ils nous traitaient de pédés, de sorciers, de femmes,…Bref de tous les noms d’oiseaux. Certains vendeurs nous lançaient des pierres, des tomates et menacent de nous bastonner », raconte Jonas, rencontré le 26 mars, à la brigade de recherches de Yaoundé III au quartier Emombo.
Au fil des minutes, une foule se forme autour des jeunes gens qui se sont arrêtés pour faire des soins de manucure et de pédicure et la situation finit par se dégénérer. Une bagarre éclate entre les deux homosexuels et les commerçants. Les vendeurs les molestent et veulent en finir avec les deux transgenres, qui essayent autant que mal de se défendre face à l’attaque.
« Dans l’altercation, les gens nous lançaient des objets et des cailloux. Nous nous défendions autant que possible [et l’un des deux a jeté une pierre qui par inadvertance a blessé] une dame qui s’est mis à saigner abondamment. De plus belle, les gens se sont jetés sur nous et nous tapaient. Nos achats volés. Nos pièces d’identité et le reste d’argent arrachés. Ne pouvant plus maitriser toutes ces personnes, Franky a accouru vers la brigade de gendarmerie la plus proche et a alerté les forces de l’ordre qui ont intervenu. C’est ainsi qu’on s’est retrouvé en garde à vue », se souvient Jonas.
« La dame blessée a été conduite dans un centre de santé proche pour des premiers soins. J’ai payé les premières factures qui s’élevaient à une somme de 8 000 Fcfa », confie la mère de Franky.
Le 26 mars, deux jours après la bagarre, selon des informations obtenues à la brigade de recherches d’Emombo, ni la dame blessée, ni son mari qui serait un militaire en service dans un ministère n’avait porté plainte. Mais les deux homosexuels étaient toujours gardés à vue.
Approchés, le commandant de brigade nous informa qu’ils seront déférés au parquet le lendemain. Jusqu’à cette heure, ils n’avaient reçu aucune assistance juridique. Arrivés sur les lieux, les responsables de la Cameroonian Foundation For AIDS (CAMFAIDS), ont approché le commandant de brigade, qui les a référés chez le gendarme chargé des enquêtes pour un complément d’informations et un début de médiation.
« Arrangement à l’amiable »
Michel Engama, membre de la CAMFAIDS, témoigne:
« Joint au téléphone, le mari de la dame blessée nous a informé qu’il n’avait pas porté plainte et ne souhaitait même pas poursuivre Jonas et Franky. Arrivé dans la soirée à la brigade, il nous a confié qu’il souhaitait que cette histoire se résolve à l’amiable car il ne souhaitait pas avoir des gens à Kondengui sur sa conscience. Après des pourparlers avec lui, il écrivit une lettre de désistement où il déclarait qu’il ne ferait aucune poursuite judiciaire contre Jonas et Franky. Par contre, la partie adverse, c’est-à-dire, la CAMFAIDS, la mère de Franky et les jeunes gens s’engageaient à s’occuper de la blessure de son épouse jusqu’à guérison. Séance tenante, une somme de 20 000 Fcfa lui fût remis pour la suite des soins de santé de son épouse» .
La lettre de désistement a déposée dans les services de la brigade, mais vers 19 heures, dans la soirée du 26 mars, Jonas et Franky étaient toujours gardés à vue.
Ils s’apprêtaient à passer leur troisième nuit consécutive dans les locaux de cette gendarmerie.
— Eric O. LEMBEMBE
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